Prise de parole du délégué CGT (Hôpital Privé Guillaume de Varye) 07/07/2025

Chers camarades, collègues, amis,
Quatre semaines. Quatre semaines d’un conflit âpre et historique qui a mis notre établissement au ralenti, quatre semaines où des salariés ont été réquisitionnés à outrance, soumis à des horaires intenables, et où huissiers de justice et forces de l’ordre ont été appelés comme si nous étions des criminels.
Quatre semaines où nous avons dû affronter le mépris, la répression et l’inhumanité d’une direction prête à tout, sauf à écouter ses salariés.
Dès la première semaine, le service de stérilisation s’est vu brutalement arrêté sous la pression de notre direction, le vendredi 13 Juin. « Soit la grève est totale, soit vous ne faites pas grève », voilà les mots choquants de notre directeur. Pourtant, nous avions prouvé dès le 10 Juin que nous pouvions assurer un service minimum, garantissant la chirurgie oncologique, les urgences internes, les pertes de chances, l’obstétrique, bref la sécurité des patients.
Mais la direction n’en a eu cure.
La deuxième semaine, la répression s’est intensifiée. Les agents de stérilisation ont été massivement réquisitionnés, non pas pour maintenir le strict minimum, mais pour travailler davantage, jusqu’à l’épuisement, alors qu’ils étaient déjà à bout moralement. Même la pharmacie a rejoint le mouvement, provoquant là aussi des arrêtés de réquisition. Puis ont suivi les arrêts maladie chez les agents de stérilisation, preuve du climat de terreur et de fatigue extrême dans lequel on nous a plongés.
Et comme si ça ne suffisait pas, la direction est allée encore plus loin : elle a fait appel à Securex, une société privée employant des médecins, pour vérifier si les arrêts maladie n’étaient pas de simples “arrêts de complaisance”. C’est une honte absolue !
La troisième semaine, un membre du siège est venu nous asséner la grande messe. Le 26 Juin, le DRH adjoint du groupe a débarqué avec arrogance et condescendance, comme s’il venait expliquer la vie à de “pauvres berrichons” que nous sommes.
Il est venu nous proposer, la bouche en cœur, 33 € net pour les plus de 5 ans d’ancienneté, 20 € net pour les moins de 5 ans, et 10 € net l’année prochaine… en intégrant la prime d’assiduité.
Ce jour-là, nous avons compris que même le siège nous méprisait.
La troisième semaine la grève gagne encore du terrain : bloc opératoire, salle de réveil, soins externes, ambulatoire, pharmacie. Pendant tout ce temps, notre direction locale a disparu, se cachant, fuyant ses responsabilités. Nous n’étions, à leurs yeux, que des “parias” quémandant quelques euros…
Puis il a fallu attendre le mercredi 02 Juillet pour une prétendue réunion de négociation… qui n’en fut pas une. La direction a choisi de se murer dans le silence, qualifiant notre mouvement d’“illicite”, pendant que certains salariés recevaient des mises en demeure.
Le lendemain, la honte a atteint son sommet. Notre DRH locale a fait signer des salariés, des documents d’arrêt de grève sous la menace de sanctions s’ils refusaient. Pire encore : un de nos plus anciens brancardiers a été retrouvé en larmes, humilié par des pressions exercées conjointement par la DRH, la directrice des opérations et un huissier de justice.
Honte à vous, membres de la direction, pour avoir brisé ainsi un homme bientôt à la retraite, un homme qui a donné tant à cet établissement, un homme présent dans ces murs bien avant vous !
Nous avons poursuivi les discussions, multiplié les propositions, mais tout a été balayé d’un revers de main. Toujours le même refrain : “L’établissement ne peut pas se le permettre.”
Curieusement, l’établissement peut en revanche se permettre :
- de payer des huissiers de justice,
- de rémunérer un cabinet privé pour faire passer nos arrêts maladie pour du “confort”,
- de chercher une société de sécurité privée pour barricader les portes contre “les méchants syndicalistes” et salariés grévistes ayant le malheur de rester dans les couloirs,
- De faire sous-traiter le matériel de stérilisation.
Le vendredi 04 Juillet, nous avons été contraints de voter entre trois propositions toutes plus méprisantes les unes que les autres. Sans surprise, elles ont été massivement rejetées. Vous, les salariés avez proposé une sortie de conflit avec comme seule nouvelle requête le paiement des heures de grève, comme gage de respect pour notre lutte. Une modique somme comparée aux trois autres propositions.
Mais la direction a refusé, persistant dans son mépris.
Aujourd’hui, en responsabilité, je vous propose d’envisager un arrêt de cette grève. Non pas parce que nous avons été vaincus, mais parce que nous voulons sortir par le haut, en restant dignes et forts.
Nous devons être fiers de ce combat. Nous avons tenu tête à une direction locale et à un groupe (ELSAN) qui nous ont traité avec arrogance et cruauté. Nous avons prouvé que nous étions capables de nous lever ensemble, unis, pour défendre notre dignité.
Oui, nous sortons de cette bataille fatigués, marqués, mais plus forts et plus soudés que jamais. Nous devons aussi penser aux patients, à nos patients, trop longtemps laissés dans l’incertitude. Nous, soignants, nous sommes humains, et notre métier est de nous occuper de l’humain, ce que la direction semble avoir totalement oublié !
Nous n’excusons rien. Nous condamnons les pratiques, les menaces, le mépris. Et nous exigeons le départ rapide de cette équipe dirigeante, sans quoi nous ne garantissons pas qu’un nouveau conflit ne voit le jour. Car continuer avec ces personnes serait ruiner encore davantage l’image et l’avenir de notre établissement.
Mes chers collègues, soyons fiers ! Nous avons mené une bataille exemplaire. Nous avons perdu des plumes, certes, mais nous avons sauvé notre honneur.
Aujourd’hui, soyons responsables !
Reprenons le chemin de l’humain, pour nos patients, pour notre établissement que beaucoup d’entre nous considèrent comme leur deuxième maison.
Vive le personnel ! Vive Guillaume de Varye !
Force, courage, et allons de l’avant, unis, plus déterminés que jamais !Merci à toutes et tous !
A l’issue du rassemblement, la section de Bourges du PCF a remis un chèque de 100€ en soutien aux grévistes.