Inauguration du Pont Henri DIAZ

Depuis la loi n° 2013-642 du 19 juillet 2013, le 27 mai a été institué comme Journée nationale de la Résistance. Cette date fait mémoire de la première réunion du Conseil national de la Résistance, tenue clandestinement à Paris le 27 mai 1943.

Ce 27 mai 2025 deux résistants communistes de notre département étaient mis à l’honneur : Nos camarades aujourd’hui disparus :
* Henri DIAZ né en 1917 et décédé en 2021
* Maurice RENAUDAT né en 1924 et décédé en 2023

Discours de Jean-Claude SANDRIER Président des « Amis du musée de la Résistance
en hommage à Henri DIAZ

Monsieur le maire, Chère Bernadette, Mesdames, messieurs, chers amis,

Peut-être Henri serait-il étonné qu’un lieu de Bourges porte son nom, lui que nous avons connu toujours discret, ne cherchant pas les honneurs, mais toujours avide de témoigner.

Peut-être, en revanche, n’aurait-il pas été surpris que ce soit un pont, au-dessus de voies de chemin de fer, qui porte désormais son nom, lui qui pour fuir l’Allemagne où il était prisonnier, a passé 26 h sur les boggies d’un train qui l’a emmené en plein hiver jusqu’à Angoulême. Il faisait -20°C.

De retour dans le Cher il va croiser le chemin de Hubert Lalonnier, qui deviendra le colonel HUBERT. Tous les deux ils vont créer, avec l’aide d’un antifasciste polonais, le fameux maquis de Maupioux. Premier maquis du sud du Cher, composé d’une cabane qui peut héberger 8 à 10 personnes. Nous sommes fin 1942. Inutile de dire, qu’avec celui des Rioux dans la forêt d’Allogny, il n’y a pas d’autres maquis dans le département.

Très rapidement Henri DIAZ, devenu le commandant Bertrand, va prendre du galon. Il sera intégré au comité militaire FTPF du Cher. Ils seront quatre à diriger ce comité sous la responsabilité du commandant Maxime, eux-mêmes placés sous la responsabilité politique d’un dénommé ABEL qui n’est autre que Marcel Cherrier, responsable départemental du PCF.

Plusieurs années plus tard, Maurice Renaudat, qui a été sous ses ordres à la bataille de St Hilaire dira de Henri Diaz, commandant Bertrand : « On le suivait dans tous les coups durs, car il inspirait confiance. Il s’était battu en Espagne, à nos yeux c’était un combattant chevronné. »

En effet, Henri, en 1936, a 19 ans, et il s’engage dans les brigades internationales pour combattre aux côtés des républicains espagnols afin de sauver la république et la démocratie face au coup d’Etat fasciste du général Franco soutenu par Hitler et Mussolini. Il passera près de trois années auprès des républicains espagnols, honteusement abandonnés par la France et l’Angleterre. Henri avait adhéré aux jeunesses communistes, comme beaucoup de jeunes à cette époque pour combattre le fascisme, pour défendre la liberté et la justice sociale. Causes inséparables.

C’est dire l’expérience qu’il a accumulée pendant ces difficiles combats, notamment ceux qu’il a  menés pour la défense de Madrid. Beaucoup de ces anciens des brigades internationales, beaucoup des républicains espagnols, seront des fers de lance de la résistance en France. Ne l’oublions pas.

Cette expérience lui vaut de prendre une place importante dans l’organisation des FTPF du Cher. Il sera  responsable d’abord d’un grand secteur Est du département puis, avec son camarade Renaudin, du  secteur de Vierzon. Il sera chargé d’entrer en contact et de  coordonner l’action avec les guérilleros de l’armée républicaine espagnole, qui seront jusqu’à une centaine, également avec la MOI : polonais, israélites, un allemand et 7 soviétiques prisonniers des allemands et évadés.

La liste des sabotages contre les lignes de chemin de fer, les pylônes électriques… serait bien longue à énoncer, mais retenons la participation à l’attaque de la milice à St Amand, et celle de la bataille de St Hilaire de Court. 300 FTPF s’opposent à plus de 2000 allemands. Ils permettront, entre autre, la libération de Vierzon dès le 4 septembre 1944.

Il est impossible de relater toutes les actions  d’Henri DIAZ, le livre qu’il a écrit sur son épopée, « Les sentiers de la Liberté », fait 450 pages dans lesquelles on mesure le courage, la détermination qu’il fallait, alors que chaque jour on risquait l’arrestation, la torture, la déportation. Jamais sans doute nos générations ne prendront la mesure des risques pris, que beaucoup ont payé de leur vie ; jamais sans doute nous prendrons  la mesure de ce que nous devons à ces combattants de la liberté et du progrès social.

Au décès d’Henry, ce journaliste du BR avait vu juste en écrivant qu’il était « Communiste corps et âme, épris de liberté, de fraternité, de justice sociale. »

Tel était Henry DIAZ, le commandant Bertrand.

Beaucoup se demandent aujourd’hui comment maintenir la mémoire et rendre hommage au courage de tous ces hommes et de toutes ces femmes. A propos des femmes, lisez les dernières lignes du livre d’Henry, il leur rend un extraordinaire et poignant hommage écrivant : « celui que je vous rends représente une toute petite partie de ce que vous avez fait. »?

Bien sûr on lutte contre l’oubli en dénommant une rue, une salle, un espace. C’est nécessaire, pour cela vous, Monsieur le Maire et votre municipalité, doivent être remerciés. Vous l’avez fait pour Mélinée et Missak Manouchian, vous l’avez fait pour Ginette Sochet, vous l’avez fait pour Georges  Chavanaz, vous le faites aujourd’hui pour Henri DIAZ, mais la meilleure façon de rester en éveil devant le monstre, dont parlait BRECHT,  qui ressurgit un peu partout en Europe et dans le monde, le meilleur rempart, la meilleure marque de respect que nous pouvons leur témoigner, ce n’est pas seulement commémorer et se souvenir, c’est surtout continuer leur combat, contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, la haine de l’autre, sans jamais dissocier, ce qu’ils ont démontré en élaborant le programme du CNR : le combat pour la liberté et celui pour la justice sociale.

Merci commandant BERTRAND.

Posted in Hommage, Résistance.

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