BOURGES : Fédération du PCF -Commémoration du 80ème anniversaire de la Libération

Mesdames, Messieurs, chers amis, chers camarades,

Il y a 80 ans, durant l’été 1944, la France se libérait de 4 années d’occupation nazie. Au printemps suivant, le 8 mai 1945, l’Allemagne hitlérienne capitulait et l’Europe sortait enfin du cauchemar et de la barbarie. 

Les déportés survivants des camps de la mort, les prisonniers de guerre, les requis du STO pouvaient rentrer en France. Une France meurtrie par les sacrifices imposés par les occupants et les traîtres à son service,

Mais une France qui avait renoué avec la démocratie et la République, une France qui avait retrouvé sa souveraineté et son indépendance, une France redevenue un pays libre.

Cette France retrouvée, cette Europe libérée de l’oppression, nous les devons à toutes celles et tous ceux qui se sont sacrifiés : aux soldats soviétiques, américains, anglais, canadiens, aux patriotes français qui ont répondu à l’appel du général De Gaulle, mais aussi à celui des dirigeants communistes comme Charles Tillon le 17 juin 1940, ou encore Maurice Thorez et Jacques Duclos le 10 juillet de la même année. Nous le devons à celles et ceux qui ont constitué les Forces Françaises Libres et à celles et ceux qui ont participé à la Résistance sur le sol national.

Dans le Cher, ils ont payé un lourd tribut : 200 fusillés, 699 déportés dont 11 femmes et 46 enfants, 420 d’entre eux, ne sont pas revenus !

Parmi ces fusillés, ces déportés, parmi ceux qui sont tombés dans les combats de la Libération, nombreux étaient communistes. C’est ainsi que le PCF est devenu le parti des fusillés.

Parmi ces résistants, il y avait : Marcel et René Cherrier, Roland Champenier, Georges Rousseau, Léo Mérigot, Suzanne Labertonnière, Angèle Chevrin, Louis Chevrin, Zélia Duchesne, Julien Giraud, André Giraudon, Louis Buvat, Albert Kaiser, Gabriel Dordain, Louis Gatignon, Raymonde et Louis Lamodière, Romain Bardin, André Laloue, Pierre Ferdonnet, Fernand Micouraud, Henry Diaz ainsi que le regretté Maurice Renaudat qui nous as quitté il y a 1an,

Beaucoup, beaucoup d’autres sont sur la plaque devant vous.

Ils se sont levés contre le fascisme, la barbarie nazie, pour la liberté de notre peuple et lui permettre de construire un monde plus juste, plus humain, plus fraternel.

Les communistes ont été au premier rang des combattants de la liberté, ce que François Mauriac a traduit par ces mots : « La classe ouvrière, seule dans sa masse, est restée fidèle à la France profanée ».

Citons aussi cette phrase du général de Gaulle qui, recevant à la Libération une délégation du patronat français déclara : « Messieurs, je n’ai rencontré aucun d’entre vous à Londres ».

Au-delà de l’hommage que nous devons rendre aujourd’hui à toutes celles et tous ceux qui ont combattu le nazisme – quelles que soient leur préférence philosophique ou politique ou religieuse- il nous revient à nous communistes d’aujourd’hui de rappeler ce rôle essentiel tenu par les communistes français pour redonner ses couleurs à la France.

Certes, la légende est tenace qui veut que les communistes ne soient entrés en résistance qu’après l’entrée en guerre de l’Union Soviétique. C’est une injure à tous ces communistes arrêtés, emprisonnés, fusillés pour certains, dès 1940, pour actes de résistance. C’est confirmé en décembre 40 par le préfet du Cher qui déclara que « le PCF dans le Cher est la seule organisation politique faisant preuve d’une activité qui ne soit pas individuelle et isolée ».

Aujourd’hui en 2024, Les idées fascistes ne cessent de progresser partout dans notre pays et dans le monde, nous avons pu le voir cet été avec un record de députes rassemblement national élus, passant de 8 députés en 2017 à 126 aujourd’hui soit 16 fois plus qu’il y à 7ans, cependant Emmanuel macron se vente toujours d’être le dernier rempart face à l’extrême droite.

Mais au-delà de notre pays c’est partout dans le monde que le fascisme progresse, Pays-Bas, Argentine, Italie, Pologne et encore récemment en Allemagne, pays ou les habitants ont une mémoire courte face a ce que nous commémorons aujourd’hui.

Partout dans le monde et surtout au moyen orient comme nous pouvons en constater actuellement avec le funeste projet de Netanyahu.

N’oublions jamais que c’est à cette période qu’a été créé que le Conseil National de la Résistance le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin. Les communistes se sont battus comme d’autres, avec d’autres, pour l’union de la Résistance. La création du CNR symbolisait au-delà, avec l’établissement d’un programme économique, social et politique pour jeter les bases d’une société nouvelle, plus juste, plus solidaire et préparer « les jours heureux ».

La création de la sécurité sociale, une retraite décente, la création d’entreprises publiques performantes, le renforcement des droits des salariés dans l’entreprise, la possibilité donnée à tous les enfants d’accéder au savoir et à la culture quelque soit la situation de fortune des parents, etc… figurent au programme du CNR. 

Tout cela a été possible dans un pays exsangue et on vient nous expliquer aujourd’hui que, dans un pays et un monde plus riches que jamais, nous aurions moins de moyens pour nous soigner, qu’il faudrait travailler plus longtemps, cotiser plus et avec un salaire bloqué voire diminué, que nous n’aurions plus les moyens d’avoir des services publics, qu’il faudrait faire voler en éclat les protections collectives et le code du travail !

Denis Kessler, alors vice président du Medef ne déclarait-il pas le 4 octobre 2007 dans la revue « Challenge » :

« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.

Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

Le Président de la République annonce la fin de l’abondance mais pour qui ? Toujours pour les même, celles et ceux qui ne connaissent pas l’abondance justement, qui ont du mal à boucler les fins de mois alors que dans le même temps le patrimoine des 500 plus grandes fortunes de France s’envolent. En 2014, ces 500 fortunes totalisaient un patrimoine de 390 milliards d’euros. Elles se plaignaient alors de payer trop d’impôts. Lorsque le président Macron arrive à l’Élysée, en 2017, ce patrimoine s’élèvait à 570 milliards, soit 46 % de plus. Mais après 7 ans de présidence Macron, ce chiffre a encore augmenté de 75 %, dépassant les 1 000 milliards d’euros. C’est à cette abondance là qu’il faut mettre fin pour augmenter les salaires et investir dans les services publics.

La mise à bas de tous ces acquis de la Résistance mais aussi ceux du Front Populaire sonne comme une insulte à l’égard de celles et ceux qui ont redonné sa liberté à la France, à celles et ceux qui l’ont reconstruite.

Face à cette entreprise de démolition, nous sommes de ceux qui veulent continuer à porter les messages de la Résistance. Et aujourd’hui, la question fondamentale est bien celle de la répartition des richesses et de leur utilisation. C’est la question clef !

Cette honte de l’insolent enrichissement de quelques-uns face à la détresse et aux difficultés du plus grand nombre, cela doit cesser. Ce déséquilibre par la violence sociale faite aux femmes et aux hommes génère frustrations et violence et met en danger la démocratie. Le choix à faire aujourd’hui, c’est d’avoir la volonté de se donner les moyens d’inverser l’ordre des priorités et des valeurs. 

Ce ne sont pas les salaires et la protection sociales qui sont un coût mais le capital qu’il convient de faire cotiser pour financer les mesures nécessaires pour combattre la crise.

Utopie me direz-vous? Peut-être, mais pas davantage qu’il y a 80 ans quand au cœur de la nuit la plus noire, certains se sont efforcés de faire vivre la flamme de l’espoir, de la dignité, de la libération et de la construction d’un monde meilleur.

Alors oui, il faut sans doute avoir un peu de courage et d’audace aujourd’hui pour affronter la mondialisation capitaliste, pour affronter ces prétendues idées et mesures modernes qui ne sont que l’expression d’une volonté de revanche d’une classe sociale qui s’est vautrée dans la collaboration avec l’occupant nazi.

Nous appelons les salariés à intervenir partout dans le pays, pour d’autres choix que ceux imposés par les actionnaires des grands groupes. 

Nous appelons les communistes, les militants et les élus à investir les luttes et à mettre en débat des propositions offensives, pour sécuriser l’emploi et la formation, pour augmenter les salaires et les pensions, pour exiger des embauches là où les besoins ne sont pas satisfaits.

A l’échelle européenne et internationale, nous nous battons pour une nouvelle conception de la mondialisation.

Certes, la France n’est plus occupée par une armée étrangère mais la crise sanitaire a montré qu’elle avait perdu beaucoup de sa souveraineté économique et industrielle.

Nous voulons toujours une politique véritablement de gauche faite par et pour le peuple !

Face à ce qui est un authentique défi de civilisation, le communisme est toujours ce « mouvement de l’immense majorité au profit de l’immense majorité » que décrivaient Marx et Engels dans leur célèbre Manifeste.

Nous défendons un projet de transformation sociale qui change la vie des gens, répartisse autrement les richesses et protège la planète.

Fidèles à ceux que nous honorons aujourd’hui, nous nous battons pour les jours heureux.

Hugo FOUGERE
Le 9 septembre 2024

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